L’Agence Qualité Construction suit de près le développement de l’usage des biosourcés

Grâce au différentes évolutions réglementaires, aux convictions environnementales de certains maitres d’ouvrage et surtout par l’implication des filières, de concepteurs et d’entreprises, on constate que l’usage des matériaux biosourcés et géosourcés est en constante augmentation (environ +10% par an d’après KARIBATI).

L’Agence Qualité Construction (AQC) a pour vocation la prévention des désordres et l’amélioration de la qualité de la construction. Un observatoire des pathologies et des sinistres dans la construction leur permet de développer des actions de prévention : rédaction de fiches conseil, mise en place de boite à outils, participation à l’écriture des réglementations, travail en lien avec les assurances…

L’AQC publie également la revue bimensuelle « Qualité Construction » qui traite de tous sujets en lien avec le bâtiment et la qualité. Depuis quelques mois, l’écoconstruction prend de plus en plus de place dans les pages du magazine normalement généraliste avec l’approche de différents sujets : l’urbanisme et la conception résilients, la construction low-tech, la qualité de l’air intérieur, l’économie circulaire et le réemploi, les énergies renouvelables et bien sûr les matériaux biosourcés et géosourcés. Le numéro 181, de Juillet 2020, y fait la part belle en y consacrant un dossier de 12 pages !

L’AQC constate que l’emploi de ces matériaux se fait en majeure partie sur des bâtiments de faibles hauteur (maison, équipements publics…). Elle s’appuie sur les premiers immeubles de grande hauteur en bois et propose de démontrer dans son article que les freins à l’usage des matériaux biosourcés dans ces constructions se lèvent petit à petit.

 

Les filières lèvent les freins réglementaires, techniques et économiques

L’article déroule les actions menées par chacune des filières (paille, fibre de bois, chanvre sous toutes formes et terre) pour lever les freins techniques et réglementaires. Pour cela chacune des filières propose rédige des Avis techniques ou des Règles Professionnelles pour garantir une bonne conception et mise en œuvre et ainsi entrer dans le cadre réglementaire et assurantiel.

Un axe fort à valider pour s’élever en hauteur, c’est la sécurité incendie. Mais là encore chaque matériau a subi plusieurs tests qui se révèlent très positifs. Des tests réalisés sur un mur ossature bois avec remplissage paille et panneau de plâtre sont concluant et indiquent que la paille pourrait être utilisée jusqu’à 50 m de haut ! Le chanvre n’est pas en reste puisque les Règles Professionnelles sont en cours d’évolution avec l’objectif de pouvoir monter à une hauteur de 7 étages.

L’aspect structurel est également un enjeu très fort de la construction en hauteur mais cet aspect peut être contourné par une bonne conception qui associe plusieurs matériaux en fonction de leurs caractéristiques. L’article cite l’exemple d’un immeuble de 10 étages : le noyau central en béton assure la sécurité sismique et incendie, les planchers en CLT renvoient les efforts de la façade vers le noyau ce qui minimise les fondations. Enfin les façades non porteuses sont en ossature bois et remplissage paille. Un autre exemple évoque la construction d’un immeuble R+5 sur un mauvais sol. Une structure métallique associée à des murs à ossature bois remplis de béton de chanvre a permis d’alléger le poids de l’édifice et réduire les fondations à 3m de profondeur alors que les immeubles voisins en béton reposent sur des pieux de 50 m² de profondeur.

Le principe « du bon matériau au bon endroit » permet de rationnaliser l’économie de projet qui reste le moteur de la massification de l’usage des biosourcés. L’optimisation structurelle permet de réduire les fondations et donc leur impact économique et environnemental (moins de béton et d’acier consommés, moins d’excavation, moins de transport…). Et en plus si la terre extraite sur site est utilisée lors de la construction, c’est une véritable économie circulaire qui se met en place. La réduction des déchets devient alors encore plus importante et les ressources non renouvelables comme le sable sont préservées.

Comment inciter les maitres d’ouvrage ?

Les derniers freins à l’usage des matériaux biosourcés sur des immeubles de grande hauteur sont plus de l’ordre psychologique. L’article présente deux axes pour débloquer cet aspect : la preuve par l’exemple et la formation de l’ensemble des acteurs.

Concernant les exemples, l’article cite de très nombreuses références d’immeubles associées aux témoignages des maitres d’ouvrage et des équipes de conception. Certaines collectivités participent également à l’essor de l’écoconstruction de grande hauteur. C’est le cas par exemple de la Communauté urbaine de Strasbourg qui a lancé en 2015 le projet d’un îlot démonstrateur avec l’objectif de construire 320 logement en bois, paille, chanvre sur des immeubles allant jusqu’à R+10. Et plus localement, Rennes, Nantes, Le Mans commencent à intégrer des objectifs de matériaux biosourcés dans leurs programmes d’aménagement pour que les promoteurs et bailleurs s’orientent vers des constructions à faible impact environnemental.

La formation des acteurs de la construction va participer au développement des différentes filières en fiabilisant la construction ce qui participera à rassurer les maitres d’ouvrage, les aménageurs, les contrôleurs techniques, les pompiers, les assureurs...

En complément, la sensibilisation et la formation des maitres d’ouvrage les incitera à intégrer des volumes plus importants de matériaux biosourcés notamment pour répondre aux enjeux réglementaires qui vont s’imposer à eux par la future réglementation environnementale. Un guide pratique leur est même dédié pour les aider à mener à bien leurs projets.

Enfin l’augmentation des volumes permettra de générer des économies d’échelle et la standardisation et l’industrialisation de solutions biosourcées et géosourcées seront des leviers important de réduction des coûts de construction.

Cet article de l’AQC fait donc la part belle aux matériaux biosourcés et géosourcés et il démontre bien que techniquement tout est prêt pour les utiliser sur des bâtiments de plusieurs étages voire dizaines d’étages. Plus aucune excuse pour ne pas faire de l’écoconstruction !