La SARL Étienne Cottenceau , entreprise de taille de pierre et de maçonnerie, souhaitait former ses salariés sur des compétences de couvreur. David Charron, coordinateur pédagogique de l’organisme de formation ÉCHOBAT Développement, a fait appel à la SARL Ritouet , entreprise de couverture et de charpente, pour monter une formation sur-mesure. Rencontre avec David Charron et les deux adhérents du réseau ÉCHOBAT pour comprendre la démarche.  

Comment est née cette formation sur-mesure ?

Étienne Cottenceau : J’ai remarqué que lors de nos interventions sur nos chantiers de taille de pierre et de maçonnerie, nous avions régulièrement besoin de réparer des morceaux de zinc avant de déchafauder. Faire intervenir rapidement un couvreur pour seulement une heure de travail est parfois laborieux et souvent une perte de temps. J’ai donc décidé de former cinq responsables d’équipes afin qu’ils sachent détecter le problème et le réparer. Il ne s’agit pas de remplacer le travail d’un couvreur, seulement de faire gagner du temps à tout le monde.

J’en ai discuté avec David Charron qui m’a répondu qu’il pouvait monter une formation adaptée. Je lui ai donné mes demandes concrètes : ressouder du vieux zinc, réparer un accroc, etc. Il a ensuite travaillé avec Sébastien Ritouet pour créer la formation. Ce genre de formation n’existe pas.

David Charron : Lorsqu’Étienne m’évoquait son problème, il me disait en rigolant qu’il faudrait que ses maçons soient couvreurs. Je l’ai pris au mot et tout est parti de là. J’ai pris note de tous les besoins et j’ai ensuite sollicité un couvreur du réseau et du département : Sébastien Ritouet. Je lui ai demandé s’il pouvait assurer cette formation tout en le rassurant sur le fait qu’il n’allait pas former des futurs concurrents. J’ai construit le contenu avec lui : les objectifs, les temps théorique et pratique, le rôle du formateur, etc.

Sébastien Ritouet : David m'a demandé si j'étais partant pour réaliser cette formation pour le personnel d'Etienne Cottenceau sur de la zinguerie. J'ai tout de suite donné mon accord de principe, puis j’ai tenté de mieux cerner la demande auprès de lui, puis d'Étienne. De la zinguerie pour des maçons, cela peut paraitre surprenant...

Au vu de ces éléments, j'ai décliné les points importants à aborder pour dégrossir le programme et l'organisation. Nous étions clairement hors des sentiers battus et sur une vraie adaptation à une demande ponctuelle. Mais c'est justement là que le travail de David et du réseau ÉCHOBAT prend tout son sens. Je pense que cela a été plus confortable pour tout le monde.

Et cet échange en amont avec Étienne sur ses besoins a été crucial pour bien cerner ses motivations.  

Quel est votre ressenti général sur cette formation ?

Étienne Cottenceau : L’avantage d’une formation sur-mesure c’est de décider du contenu en direct avec les personnes. C’est donc l’assurance d’avoir une formation qui corresponde parfaitement à mes attentes. La formation était sur une journée avec une petite partie théorique, notamment sur le matériau, et une partie pratique. L’objectif était que mes responsables d’équipes comprennent le matériau et apprennent les gestes de base. C’est formidable de pouvoir faire de la transmission entre adhérents car nous n’échangeons pas que de la technique, nous échangeons aussi de l’humain.

Sébastien Ritouet : C'est enrichissant de former sur théorie et pratique. Cela permet de formaliser des connaissances et de prendre du recul. La préparation de la formation m’a demandé environ six heures. Ce temps a été nécessaire pour aboutir à quelques supports destinés à la formation et aux stagiaires, formaliser le programme, et préparer les matériels et matériaux pour la partie pratique.

S'insérer dans une autre structure que la sienne est aussi riche d'enseignements, que ce soit en matière d'organisation, de découverte métier et aussi d'échanges avec les salariés. Cela crée très vite un lien entre les deux structures ! Le fait de former une autre entreprise du réseau m'a aussi semblé moins stressant et plus naturel que d'aller dans une structure inconnue.  

Pourquoi avoir fait appel à une autre structure adhérente du réseau pour réaliser la formation ?

David Charron : Pourquoi aller chercher la compétence ailleurs alors qu’elle se trouve dans le réseau ?

Nous avons déjà un vivier de formateurs compétents dans leurs domaines respectifs. Mon rôle dans un premier temps est d’éveiller les adhérents en leur donnant envie de devenir formateur occasionnel, de leur montrer qu’ils ont les capacités à transmettre leur savoir.

Ils ont avant tout l’expérience de leur métier, un ancrage dans le territoire. En tant que gérants ou salariés de leur entreprise, ils une vision très réaliste des besoins, des contraintes des chantiers, du marché. Peu de formateurs ont tous ces atouts.

À partir de là, je mets en place une « formation de formateur » par étapes. Je canalise et j’organise avec eux la transmission de leurs savoir-faire et leurs savoir-être afin de les amener à prendre la posture de formateur.